1925 : Les Années Folles,
"époque de provocation", battent leur plein. Paris
était alors un grand centre du monde interlope, l'homosexualité
n'étant plus un délit depuis l'établissement du
Code Civil sous l'impulsion de Cambacérès. Nos plus proches
voisins, Grande-Bretagne et Allemagne, ayant pénalisé
l'homosexualité, beaucoup d'homosexuels allemands et britanniques
venaient s'extérioriser à Paris, bien que le Berlin de
ces années-là n'ait pas été en reste (cf.
le témoignage de Ch. Isherwood dans "Les Adieux à
Berlin").
Dans un premier temps, Barbedette et Carassou décrivent le Paris
des Années Folles, les grands bals homo du Magic City, rue Cognac-Jay,
qui eurent lieu toutes les mi-carêmes jusqu'en 1939, les bars
et boites homosexuels, les clubs privés, les rencontres dans
les bains turcs (ancêtres de nos saunas) et les promenoirs des
théâtres et des music-halls. Ces commentaires anecdotiques
sont rehaussés par des témoignages de personnalités
ou d'anonymes du monde interlope, mais aussi d'homosexuel(le)s qui s'en
tenaient quelque peu éloigné(e)s : A. du Gognon, romancier,
figure de la nuit parisienne, J. Weber, Sociétaire de la Comédie
Française, comédien célèbre des années
30, figure emblématique de "l'underground" parisien,
D. Guérin, historien de la révolution française,
qui se tenait à l'écart du "milieu", R. Rédon,
cheminot provincial monté à la capitale, E. Roditi, poète
et critique américain, etc.
La seconde partie du livre
est dédiée à une étude identitaire de l'homosexualité
des Années Folles. Les auteurs débutent avec un essai
sur l'évolution de la pensée psychologique, avec les écrits
du Dr. Magnus Hirschfeld, en Allemagne, et du Dr. H. Ellis, psychologue
britannique, auteur des "Études de la psychologie sexuelle"
(8 volumes). Ce premier chapitre est suivi par une étude des
personnages homosexuel(le)s dans les romans et une présentation
des grandes figures homosexuelles de la littérature, de Proust
à Gide, en passant par Jouhandeau, Cocteau, etc.
Enfin, la troisième et dernière partie présente
des passages de "Inversions" (qui deviendra "L'Amitié"),
journal pour l'homosexualité, qui paraîtra de 1924 à
1925, date de son interdiction après intervention parlementaire
(intervention officieuse bien sûr !). Ces quelques chapitres sur
"Inversions" sont suivis par des extraits des minutes du pourvoi
en cassation suite à la condamnation des éditeurs de la
revue par la cour d'appel de la Seine pour atteintes aux bonnes moeurs.
La cour de cassation confirme la condamnation, mais réduit considérablement
les peines. Les auteurs finissent ce volet par des extraits de journaux
de l'époque sur "Inversions" ou son jugement. Bien
avant le procès, certains journaux, comme "L'Illusion"
de Pierre Lazareff*, dénoncent l'immoralité de "Inversions".
Après le procès, E. Fournier ("L'En-Dehors")
regrettera la forme qu'avait prise "Inversions" tout en défendant
le fond, et reconnaissant aux homosexuels le droit de vivre librement
leur sexualité et d'avoir un organe de liaison. Un autre journaliste
du même "L'En-Dehors" regrette la disparition de la
revue.
Paris Gay 1925 s'achève par des références bibliographiques.
*
Celui qui a sévi à la TV dans les années 50-60
?