Ce roman, le troisième de
son auteur, est construit pratiquement comme un huis-clos. Pratiquement
car l'action se partage en fait entre les lieux du stage (un ancien
camp militaire dessafecté et l'aire d'envol), le village, et
l'auberge ; huis-clos car tout se passe entre ces personnages, les autres
figurants cités de façons anecdotiques n'apparaissent
jamais dans le roman.
L'histoire est assez banale, d'une simplicité parfois déconcertante,
mais le style est aisé et le roman facile à lire. Le récit
est globalement linéaire, même s'il fait parfois allusion
à des séquences passées, introduites subtilement.
L'intrusion du personnage de Suzanne, l'ex de Paul qui est le narrateur,
est agréablement surprenante. Il y a quelques passages très
touchants, notamment le premier tête à tête intime
entre Paul et Victor :
"- [...] moi aussi je voulais oublier quelqu'un. Un garçon
dont j'étais fou.
[...]
- Et ce garçon ?
- Oublié,
[...]
Victor se tait. Son expression se modifie, ses traits semblent se réorganiser
autrement sous l'effort de mémoire. Je devine le sourire de celui
qui l'avait séduit, quarante ans plus tôt, je devine cet
air effronté qui lui avait plu. Et puis dans battement de paupière,
la transparence s'efface."
"Bon vent" n'est pas un grand roman, il en laissera plus d'un
sur leur faim, mais il plaira à des lecteurs occasionnels qui
cherchent juste un peu d'évasion facile.
Un bravo pour les éditions du Rouergue pour la qualité
de l'édition.