Yudi, célibataire quadragénaire, est brahmane ; il appartient à une classe dirigeante, une des quatre castes. Yudi mène une vie apparemment rangée, entre son métier de pigiste pour des grands hebdos de Bombay, sa mère, et les garçons de rencontre trouvés sur des lieux de drague homosexuels qu'il ramène dans son appartement d'une banlieue bourgeoise de Bombay. Mais un jour il rencontre Milind, jeune dalit (intouchable), un hors caste, et de vingt ans son cadet. Mais Yudi n'en a cure, il est amoureux, et veut Milind avec lui.
Mais si Milind accepte un temps d'être l'amant de Yudi, il n'est pas sûr de sa sexualité, il craint aussi la pression de la société, et le désir de sa famille de le voir marié et père de famille....

Boyfriend est (d'après l'éditeur) le premier roman indien à parler de l'homosexualité dans la littérature et dans la société indienne moderne. C'est aussi le premier roman de son auteur, essayiste et professeur de littérature à l'université de Bombay.
Pour un prof de littérature, ce n'est pas bien fort : l'histoire est quelconque, les personnages sans caractère, et la narration fait plutôt catalogue des journées de Yudi. Le récit manque de lien narratif entre les chapitres et les différents instants décrits, l'histoire elle -même manque de densité, ce qui rend la lecture bien ennuyeuse. Il faut cependant féliciter l'auteur pour son ouverture d'esprit et son modernisme, mais ceci ne suffit pas pour écrire un roman.
Dommage. L'homosexualité dans l'Inde de tous les jours, la confrontation du traditionnel (les castes, la religion) et du moderne (égalité des individus, acceptation de l'homosexualité) dans une société qui a su garder sa spécificité tout en se modernisant, était une idée excellente, attirante pour quelqu'un curieux des autres et ne connaissant rien de ce pays.
Grand regret que ce roman (mais ceci n'est pas un reproche - juste un regret - car tout à fait compréhensible) soit écrit pour des Indiens ou des lecteurs instruits de la société indienne*. En revanche on pourra reprocher à l'éditeur et au traducteur de donner peu d'informations annexes, ou de les donner de mauvaise façon (le glossaire est incomplet, beaucoup de mots indiens du texte n'y figurent pas ; il faut sans arrêt aller en dernière page pour le trouver ; pas de carte d'Inde ou de Bombay qui pourrait aider le lecteur ; pas d'explication sur les institutions, les événements, etc. dont il est question) ... Pour une collection qui s'appelle "Ailleurs" et cherche à faire découvrir d'autres littératures, c'est un peu pauvre !

Bref je n'ai pas été aussi transporté par ce roman que Sanjay qui nous l'a chaudement recommandé (cf. ci-dessous) mais il est vrai que lui connaît parfaitement cette société indienne. Quoiqu'il en soit, qu'il soit remercié de nous avoir écrit pour nous faire part de sa lecture.

* Seul intérêt de cette lecture : elle m'a donné envie de m'intéresser plus avant à la société indienne....

- Fabien,19 ans, Normandie, novembre 2005.

Sauf erreur de ma part, Boyfriend de Raj Rao ne figure pas sur votre site. Je suis d'origine indienne et je suis trés intéressé par l'évolution de la condition gay en Inde. Ce livre est un portrait d'une fulgurante justesse des gays à Bombay. Bombay compte à elle seule plus de gays que n'importe qu'elle autre ville du globe. Le roman Boyfriend est le premier livre sur les homos publié en Inde. Il a suscité beaucoup d'intérêt. Il est publié en France. Je vous encourage à le faire figurer dans votre site qui est d'ailleurs pertinent car Boyfriend est unique, l'Inde fascine depuis longtemps mais en lisant Boyfriend on verra que le livre a le pouvoir de détruire des préjugès ancrés chez les Français depuis des années. L'auteur Raj Rao allie la sensualité de l'écriture à l'indienne et la modernité des romans urbains. Boyfriend est violent à sa manière. Boyfriend sublime Bombay qui est comme une femme aux multiples visages. L'Inde qu'on l'accepte ou non est un pays d'avenir, contrairement à la Chine, elle ne s'occidentalise pas aveuglément. Elle se met au goût du jour. Les saris vieux comme le monde sont toujours dans le vent et ils se modernisent ce qui par l'intermédiaire de Bollywood arrivent en Occident. Le capitalisme ne détruira jamais les valeurs de L'Inde, c'est ce que souligne Boyfriend.