"Courir avec des ciseaux"
aurait pu être un chef d'oeuvre dans sa catégorie. Il y
a de la matière, de la substance dans ce roman. Hélas
il n'y a aucune maîtrise de l'écriture. Les situations
hallucinantes et surréalistes ne sont pas sans rappeler les plus
grands moments des romans de John Irving, mais sans la cocasserie, sans
l'humour, et sans la verve de cet auteur américain des années
80. Tout ça est bien plat, juste une suite de situations rapportées
sans âme, sans émotion malgré un style pourtant
agréable et assez bien adapté aux circonstances ; la construction
est décousue, aucun ciment entre les différents chapitres,
comme livrés à chaque séance sur le divan d'un
psy qui, de toutes façons, n'écouterait pas. Ca sonne
bien vide, bien creux. C'aurait pu être grandiose, ahurissant,
hallucinant ! Et ce n'est que pathétique. Dommage !
Reste une question : autobiographie
ou fiction ? Quand j'ai posé cette question, certains m'ont répondu
"c'est un peu égal". Peut-être ! Quoique ça
pourrait déterminer la façon de traiter le sujet. L'histoire
est fort plausible, pas de doute, et hélas ! Il n'en reste pas
moins qu'il y a beaucoup de contradictions et pas mal d'incohérences
dans le récit.
Dernière chose, la traduction aurait été mieux
si elle avait été en bon Français ! Mais la pauvreté
du vocabulaire et l'abondance de fautes de Français rendent désagréable
la lecture : je ne compte plus les "Il fait", "Fit-elle",
etc. ("to speak" et "to tell" se traduisent par
"faire" ? "dire" n'existe pas en Français
?), bref tout le monde fait partout. Dans les thèmes, la traductrice
traduit "dire" par "to do" ???? Aussi beaucoup de
"re +verbe" : "rajouter", "réveiller",
etc. ; les verbes "ajouter" "éveiller" "s'éveiller"
n'existent plus en Français ? Bon, nous n'allons pas décortiquer
toutes les fautes de Français (ce serait trop long !). Page 200
l'auteur note "Le bûcheron s'exprimait dans un mauvais
Anglais". Ben le Français n'est pas meilleur !
Ceci sans parler de la mauvaise qualité de l'édition :
que de fautes d'orthographes laissées* et combien de mots manquent
tout simplement ou sont typographiés en double !!!! Pas de correcteur,
ni relecteur aux Editions Passage du Marais ? Cette maison d'édition
nous avait habitué à mieux (Chroniques
de San Francisco) !
Bref, voilà une lecture que nous ne recommandons pas.
Et je pense que seul le fait que Brad Pitt ait participé à
la production de l'adaptation ciné de ce roman a conduit certains
magazines gays à écrire des entrefilets sur ce livre alors
que d'excellents romans et romanciers n'ont jamais eu droit de cité
dans leurs colonnes ! A se demander si les "critiques" plumitifs
lisent vraiment les romans dont ils parlent ou se contentent seulement
de résumer les communiqués de presse des éditeurs
!
*
p161 : "... car nous savions ... que Finch aller nous engueuler."
!!! Comment peut-on laisser passer ça ?!