Ce roman est bien écrit et
se lit agréablement. Quant à l'intrigue, il faut accepter
que 10 jeunes tapioles musclettes et athlétiques, inconscientes
et décérébrées, narcissiques et baizouilleuses,
se fassent trucider facilement par un maniaque d'opérette, épave
vieillissante sur le retour (même si c'est avec l'aide du moins
pourvu d'entre eux en neurones et militairement bien préparé).
C'est tout de même un peu tiré par les cheveux. L'épilogue
laisse quelque peu dubitatif. Seule surprise, l'écart voulu par
rapport à l'original.
Bon, pour les amateurs de polars, c'est toujours mieux qu'un Higgins-Clark
ou qu'un Cornwell ; ça vaut un Brussolo. Evidemment, c'est loin
d'un Christie, mais c'est gay !
Autre petit reproche anecdotique
: tout débute par un malentendu (ou un jeu de mots ! ) (nous
n'osons pas dire une erreur ni un mensonge – erreur sous-entendrait
que l'auteur, voire les éditeurs, sont incultes* ; mensonge signifierait
qu'on veuille induire le lecteur dans une erreur commune pour des raisons
de facilité, voire mercantiles**). Donc tout commence par un
malentendu, "l'expression "pédé comme un foc"
n'ayant jamais eu trait à ces pauvres phoques dont la vie sexuelle
déjà réduite à la portion congrue, n'a absolument
rien à voir avec une quelconque homosexualité exacerbée
qui pourrait leur valoir pareil réputation.… "Pédé
comme un foc" est un terme de marine, le foc étant la plus
petite voile de temps ordinaire placée le plus à l'avant
du bateau et prenant absolument tout par derrière, et comme on
sait que c'est toujours le plus petit qui trinque … Autre expression
de marine pour la même désignation utilise le "chouquet",
plate-forme de vigie enfoncée sur le grand mât. Evidemment
"10 petits focs" aurait été plus juste, mais
moins racoleur peut être, encore que… Puisqu'on en est à
la sémantique, rappelons aussi que faire n'est pas un synonyme
de dire. Alors à force de «il me fit "patati"»
et «il lui fait "patata"», il va finir par faire
partout…
Dernier point, pourquoi cette couverture racoleuse, mosaïque d'acteurs
porno gay, vus et revus, pas tous vraiment bandants, et pas du tout
représentatifs des descriptions des personnages du roman (je
sais je n'ai rien gagné…).
JP Tapie nous avait habitués à mieux et les éditions
H&O aussi.
* "Nuls en
orthographe" serait trop faible dans le cas d'espèce ;
** "10 petits phoques" rappelant "10 petits nègres"
– pour autant que tout le monde connaisse cet excellent roman
d'Agatha Christie – et de ce fait plus vendeur… Il est à
remarquer que Hervé Claude avait récemment repris ce même
thème dans un "polar gay", "Riches,
Cruels et Fardés".