Le roman yaoi
est un genre de manga romancé, fortement influencé par
l'heroi-fantasy, accompagné d'illustrations, écrit
et dessiné surtout par des femmes à destination d'un public
féminin, dans lequel l'intrigue est centrée autour d'une
relation homosexuelle entre personnages masculins, et comportant souvent
des scènes sexuelles.
Je ne suis pas
du tout de la génération Manga et n'ai qu'une vague idée
de ce que cela peut être. En revanche, je suis de la génération
heroi-fantasy, alors quand on m'a proposé ce yaoi,
je me suis dit "eh bien, essayons, ça donnera de la
substance et de la diversité à Homo Libris !".
Quelle déception
! Tout ceci est bien loin de la folle imagination, de la subtilité,
de la puissance des personnages, de l'excellence narrative, et de la
maîtrise littéraire de cycles comme "Le seigneur des
anneaux", "La belgariade", "Dunes", "Pellucidar",
ou le trop méconnu "Radix", etc. Bien loin des romans
de la table ronde dont l'heroi-fantasy est l'héritière
!
Côté
fond. Quel manque d'imagination ! Ce n'est qu'un galimatias de poncifs,
de clichés déjà vus et mal utilisés, d'embrouilles
et de rebondissements à deux balles, destinés à
des bêtas dont la richesse littéraire doit s'arrêter
à Schwarzenegger le barbare ! Quel dommage
de lire ça alors qu'il y a tellement de riches romans dans les
registres les plus variés !
Côté forme. Comment, à notre époque, reconnaître
un écrivain d'un plumitif ? C'est assez simple, comptez le nombre
de "faire" utilisés pour "dire" versus
le nombre de "dire". Ici, des sommets sont atteints ! J'ai
cru que l'auteur* ne connaissait pas le verbe dire (ou que c'était
devenu un gros mot !) quand, soudain, à la page 129, miracle,
est apparu le premier "dis-je", suivi par la suite de rares
autres !!!! A croire que l'auteur a appris le verbe en cours de roman,
à moins que le relecteur se soit réveillé un peu
pendant cette lecture soporifique ! C'est
étrange que H&O, par ailleurs plutôt bons éditeurs,
aient laissé cette faute de français récurrente,
ainsi que plusieurs autres coquilles ça et là ! Pour le
reste, le style est d'une platitude déconcertante, servi par
un vocabulaire rudimentaire.
Quant aux illustrations, elles reflètent bien l'idée que
j'ai des mangas, ce qui ne me donne pas vraiment envie d'en lire. Je
préfère rester avec Druillet, Bilal, etc. Et si vous voulez
de bonnes BD proches de l'heroi-fantasy, pourquoi ne pas lire
le fabuleux "Bran ruz" de Auclair et Deschamps ou les trois
BD issues de la collaboration "Bilal-Christin" !?
Bref, pour plagier
le Canard, nous rangerons ce livre dans la catégorie
"Livres qu'on peut ne pas lire !".
* Quelque
temps après avoir écrit cette fiche de lecture, j'ai appris
que Claude Neix est un pseudonyme. La même romancière est,
sous un autre nom, l'auteur d'une série de polars historiques
dont l'action se situe dans la Rome impériale. Cette série,
sans être littéraire, est plutôt bien écrite,
malgré quelques maladresses lexicales, et surtout bien documentée
sur l'époque considérée ! Etonnant cette dichotomie,
non ?