En l'absence des hommes
Auteur Philippe BESSON Lecture Avril 2001
Edition Julliard Création Fiche Juillet 2001/Février 2011
Parution 2001
Origine France
Traduction  
 

"Ce serait impossible de ne pas penser à toi, c'est quelque chose qui ne se conçoit pas. Tu es entré dans ma vie, tu y occupes la première place, tu as opéré ce changement spectaculaire cette merveilleuse dévastation, rien ne sera plus pareil, rien n'est déjà plus pareil."
Ph. Besson, En l'absence des hommes (p.110).


1916. Vincent de l'Etoile a 16 ans, des cheveux noirs, des yeux verts en amande, et une peau de fille. Vincent croise le chemin de Marcel Proust et ébauche avec lui une relation amicale. Puis, il découvre l'amour passionnel entre les bras d'Arthur Valès, un jeune soldat de 21 ans en permission. Arthur oublie un peu les tranchées et les horreurs de la guerre dans les bras câlins et contre le corps chaud de Vincent. Puis il repart au front. Cette séparation est partiellement comblée par un échange de lettres enflammées. Vincent se rapproche de la mère d'Arthur (qui est au service des parents de Vincent depuis vingt ans). Blanche Vallès oublie ainsi un peu l'éloignement de son fils. Elle raconte son histoire à Vincent, confessant pour la première sa faute présumée.




Voilà un grand roman. Autant sur la forme que sur le fond.
Belle écriture au style vif et direct. Vocabulaire riche, sans pédanterie, des mots simples, soigneusement choisis et agencés en phrases qui coulent à merveille. Récit bien structuré, en trois parties d'inégales longueurs, mais équilibrées en intensité et en intérêt romanesque.
Première partie, narrée à la première personne par Vincent, raconte sa rencontre et son amitié avec Marcel, sa rencontre et son amour pour Arthur, et ses petits déboires familiaux (famille bourgeoise étriquée, aux principes d'une autre époque). Deuxième partie, échanges épistolaires entre Vincent et Arthur, et Vincent et Marcel. Troisème partie, rencontre avec Blanche, mère de Vincent ; l'auteur revient à la narration par Vincent, à la première personne. Besson laisse malgré tout la part aux autres protagonistes dans une forme originale : pas vraiment de dialogues, juste des "je dis :", "tu dis :", "elle dit :".

Roman dense qui aborde et développe quantités de thèmes.
Tout d'abord la découverte du grand amour, intense, passionnel et charnel. Amour tragique pendant la Grande (!) Guerre, mythe éternel de l'amour passion, trop beau, trop fort, trop intense pour durer ? L'amour homosexuel, bien sûr, qui, à cette époque, devait forcément se cacher : "J'accepte d'emblée cette idée du secret qui m'enchante.", caché, certes, mais avec "l'incroyable douceur universelle du sexe des hommes." Amour des hommes, différence qui fait découvrir "la méchanceté de l'enfance." D'autres formes d'amour sont également abordés : amitié qui vire à l'amour platonique (rencontre avec Marcel Proust), amour filial, qui absout tout (Blanche pour son fils Arthur). Mais rien n'est simple
: "La réponse, sans doute, est : non. [...] Non, on ne trouve jamais le repos. [...] La réponse, assurément, est : oui. [..] Oui, on finit par trouver le repos."
Et puis il y a la guerre. La guerre et ses ravages qui sont omniprésents. Pas besoin de longues descriptions, juste de petites phrases anodines au détour d'une conversation "On est belliciste quand on n'a jamais fait la guerre."
L'adolescence, les parents distants, le carcan social, Besson peint par petites touches, de-ci de-là, subtilement. Différence sexuelle, temps de guerre, situations inhabituelles qui font découvrir d'autres horizons : "[...] je crois qu'on peut décider de créer sa propre famille en dehors des liens du sang, que cette famille, c'est celle des années qui passent, des visages qui défilent, des sourires qui laissent leur empreinte dans nos mémoires." Et l'auteur revient sans relache sur ses thèmes, toujours par petites touches, comme un pointilliste. Le carcan social, le qu'en dira-t'on, Blanche en a souffert aussi. Arthur n'est-il pas d'un milieu inférieur à celui de Vincent. outre l'homosexualité, une telle relation entre classes n'est pas envisageable pour des bourgeois étriqués comme les de l'Etoile ! Blanche, une fille-mère, de surcroît ! Allez savoir comment elle l'a eu cet enfant... Justement, c'est la faute de Blanche. C'est cette faute qu'elle confesse à Vincent, qu'elle sait amant de son fils. Arthur n'a même pas eu à annoncer sa passion, elle l'a su, elle l'a toujours su, elle l'a lu dans les yeux de son enfant. Mais sa grande question... Lui, aime-t'il Arthur en retour ?
Mais ça, Vincent l'a dit, l'a hurlé, l'a écrit, l'a promis à Arthur. "J'aime ta peau, ton odeur, la vie qui bat. [...] Je sais qu'être au milieu de tes bras c'est la chose la plus imporrtante. Je sais qu'il n'y a rien de plus fort que ça ; [...]. Je sais que le premier soir avec toi, c'était une naissance, une venue au monde, un éblouissement, un rai de lumière."

A LIRE ABSOLUMENT...



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