Pour un premier roman, ce livre
est une réussite. Souvent je peste contre les romans trop courts*
(n'imaginez pas que j'aime les pavés pour autant !), mais alors
là... la brièveté du récit est largement
compensée par sa densité et sa maîtrise. Le dernier
mot lu, on referme le livre, et on reste coi, subjugué !
"Un garçon naturel" est construit avec une rigueur
implacable, une précision diabolique. Chaque phrase, chaque mot
est minutieusement choisi (ou presque), pièces d'un puzzle judicieusement
placées, tout concourant vers le mot final "seuls",
concernant le père et le garçon (Etrange d'ailleurs qu'on
puisse être seuls au pluriel !).
Complexe sans être abstrus, terriblement efficace, tout se tient
dans ce roman dont la première lecture déroutera plus
d'un par sa construction qui illustre parfaitement l'épigraphe
citant F. Truffaut. Pourtant, le propos de l'auteur est clair, net,
et précis, brillamment illustré par un récit sans
faille (ou presque : on excusera l'utilisation du verbe "emmener"
pour "emporter", la faute devenant hélas récurrente,
et quelques autres incongruités - cf. la citation ci-dessus!)
et une culture solide. Le malaise du garçon (dont on
ne saura jamais le nom, pas plus que ceux des autres protagonistes)
est perceptible à chaque ligne du roman. Son évolution
de l'enfance à l'adolescence, jusqu'à la découverte
du père et la difficulté d'être, de se comporter
à ce moment-là, est magnifiquement décrite dans
ce puzzle-labyrinthe.
Pour le côté "homo", on notera l'étonnant
passage de la piscine, à caractère pédophile, qui
illustre parfaitement le comportement destructeur de l'adolescent.
"Un garçon naturel", court roman, est un livre à
lire et relire, qui surprend par sa justesse.
*
cf. "Votre fils", "J'ai
pas sommeil", etc.