Cette comédie l'agaçait. Ces mensonges indispensables l'ennuyaient. Il avait besoin de leur dire quelle sorte de garçon il était. Il se demanda ce qui arriverait s'il avait l'audace d'être honnête, si tous ses semblables l'imitaient. Il y aurait certainement des lendemains meilleurs qui permettraient à des garçons d'aimer d'autres garçons [...].
Un garçon près de la rivière. G. Vidal.

"Fin des années 30, Jim Willard, 17 ans, et Bob Ford, 18 ans, ont passé leur adolescence ensemble en Virginie. Bob vient de finir sa scolarité et n'a qu'un rêve : s'embarquer au long cours. L'avant-veille de son départ, Jim et lui se retrouvent dans une cabane forestière près du lac pour bivouaquer ce dernier week end commun. Après s'être baignés nus dans le lac, les deux amis se retrouvent à veiller près d'un feu. Les corps s'échauffent et se rapprochent, la sève monte, les corps s'enlacent. Après une nuit d'amour, les corps se reposent, puis reprennent leur combat durant cette dernière journée ensemble.
Et Bob part naviguer. Jim finit sa scolarité et suit Bob d'une année. Mais la mer est immense. Le souvenir de Bob mêne Jim d'Alaska en Californie, puis au Mexique, à New York, et retour en Virginie. Au cours de ce périple, Jim est tour à tour marin au long cours, puis prof de tennis pour stars hollywoodiennes et riches New-Yorkais, amant d'une vedette du cinéma, puis d'un écrivain sans succès, puis d'inconnus de passage.
Enfin, de retour au pays, il retrouve Bob, après sept ans de séparation. Bob marié et père, mais qui n'a qu'une envie.... continuer de naviguer. Les deux amis se retrouvent à New-York, seuls, face à face....

"Un garçon ..." est un livre plein de bonnes idées, mais qui hélas a un peu vieilli et présente nombre de passages un peu ennuyeux. Il faut cependant se rappeler qu'il a été écrit écrit en 1947 par un garçon de 20 ans ! De plus, l'idée de base est excellente et très originale, surtout pour l'époque. On en retiendra deux choses :

- La présentation d'un garçon homosexuel, très masculin et athlétique, étonné et inquiet de son homosexualité, non pas en elle-même ou en regard des autres, mais par l'idée qu'il a de l'homosexualté, car la littérature, le cinéma, et autres moyens médiatiques et culturels présentaient à l'époque les homosexuels comme des folasses exhubérantes ou des introvertis studieux et renfermés, ce que Jim n'est absolumnet pas ! On pourra d'ailleurs remarquer que ce préjugé perdure dans les retransmissions TV des gay prides ou l'on voit plus de plumes et paillettes que de garçons-d'à-côté....
- La réflexion intéressante sur une sortie massive du placard dont nous avons reproduit le texte en exèrgue.

Bien que certains autres passages soient étonnemment explicites, on pourra regretter le style abstrus de la scène du lac, ainsi que la fin de la scène de la chambre d'hôtel de New York, les deux scènes étant pourtant les deux points forts du roman, rencontres décisives entre Jim et Bob.