L'impasse Héloïse
Auteur Gérad GLATT Lecture Octobre 2009
Édition Orizons Création Fiche Octobre 2009
Parution 2009

 

Origine France
Traduction  
 


"La vie est dure, faut pas la laisser faire [...] Parce que l'essentiel, c'est tout de même de profiter au maximum de ce que la nature nous accorde, et surtout, d'en profiter avant qu'elle ne nous le retire."
G. Glatt, L'impasse Héloïse (P. 66 et 91).

Une journée de Juillet dans un quartier de Paris, un îlot parisien comme il y en a encore quelques uns, heureusement ; un quartier qui ferait penser à un village de campagne. Comme partout, on y croise "ceux qui osent, et ceux qui n'osent pas. Et puis il y a les autres, les inclassables". Héloïse, Marc, et Vivien et Antoine sont de ceux-ci. Héloïse, octogénaire, un peu bougon et versatile, mais que les gens du quartier affectionnent malgré tout ; Héloïse qui a bien vécu, croit toujours au miracle de l'amour. Marc, quadragénaire, marié, père de famille, chef d'entreprise, qui va de sauna en bar à cul, mais qui n'ose pas quitter sa femme. Antoine et Vivien, la petite vingtaine, deux amis ; Antoine reluque Vivien sans oser aller plus loin. Vivien qui voit bien Antoine, mais courtise des jeunes filles, sans cependant être sûr de sa sexualité.
Héloïse est amie de Marc depuis longtemps déjà ; elle l'a connu gamin. Marc fréquente le même sauna qu'Antoine. Antoine court régulièrement avec Vivien. Vivien est voisin d'Héloïse.
Voilà, la journée commence de bon matin. Il fait encore frais, mais ça va être une chaude et longue journée. Le narrateur tient son quatuor de héros, il a planté le décor. Les destins s'entrecroisent et les sentiments s'emmêlent.
Il lui reste Stéphane, pour la mise au point, une sorte bilan de ces trois dernières années, pour les retours en arrière en parallèle à cette journée. Stéphane, gogo danseur qui ose. Stéphane, son amant.
Et bien sûr il y a lui-même, le narrateur, pas vraiment un personnage, encore que ... Osera-t'il, n'osera-t'il pas ? Et si ses personnages lui échappaient ?! Et puis que va-t'il en faire ? A moins que ce ne soit eux qui décident de la fin de la journée ?


Le ton de ce court roman m'a définitivement fait penser au ton du choeur de l'Antigone de Anouilh, pièce que j'affectionne particulièrement. L'écriture est maîtrisée, le propos également. Avec subtilité l'auteur manipule ses personnages, joue avec leurs destins et leurs sentiments (Give me absolute control over every living soul*), s'insinue dans son roman, expose ses propres doutes, et semble laisser au lecteur le choix de la suite, émaillant par-ci par-là ses propres suppositions quant à l'avenir de ses héros (Waiting for the miracle there's nothing left to do**). Exercice intéressant qui évolue d'abord entre le passé et le présent, et finit au futur et au conditionnel. Une très belle plume qui laisse au vestiaire toute fausse pudeur et intègre dans un roman pour tout public des scènes "chaudes" finement décrites.
Une réflexion édifiante sur la vie, l'amour, l'amitié, l'homosexualité. Et un auteur qui cite Léonard Cohen mérite d'être lu !

Juste une remarque de détail sur la facture du livre : pas de fautes d'orthographe relevées, mais quelques coquilles et des erreurs de mise en page laissées par l'éditeur par-ci par-là !

* L. Cohen, The Future.
** L. Cohen, Waiting for the miracle.


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