J'ai eu beaucoup de mal à
croire que ce roman insipide soit du même auteur que "Les
mauvais anges" ou "L'amour brut",
deux petits bijoux .
Ici, l'histoire, parfaitement linéaire, est longuette et gonflante,
sans grande imagination ; même les scénaristes de "plus
belle la vie" trouveraient cela sans saveur, c'est dire ! Nous
sommes loin de la force des premiers romans de Eric JOURDAN, force brutale
et implacable, époustouflante et enivrante, résultant
d'une imagination fertile et passionnée, d'une sensibilité
débordant de vie et d'amour. Rien de tout cela dans "Le
jeune soldat", qu'un morne ennui fastidieux.
Quant au style, celui du jeune auteur de "Les mauvais anges"
ou " L'amour brut" était vif et maîtrisé,
instruit et agréable, ce style "instituteur vingtième
siècle" que j'apprécie tant, à la hauteur
des Alain-Fournier, Michel Tournier, ou Yann Queffelec, pour ne citer
qu'eux, bien loin du vocabulaire limité de cours de récré
d'écoles de commerce et de la platitude stylistique des auteurs
télévisuels branchouilles du moment ! Dans "Le jeune
soldat", le vocabulaire est basique, parsemé de nombreuses
approximations, erreurs qui tendent, hélas, à devenir
communes : les personnages ne "disent" pas ils "font"
; La journée est "clôturée" (pour
reprendre une expression d'un mauvais commentateur boursier télévisée)
; etc. Et comment les Editions de la Musardine ont pu laisser passer
une erreur aussi grossière que : "[…] car le suicide
se serait terrible pour maman. […]" (p. 169) !
Mais il est vrai que je m'étais déjà essayé
à la lecture de romans tardifs de cet auteur, et le résultat
était plutôt décevant (cf. "Pour
jamais"). Bref, il ne faudrait pas vieillir,
ou alors nous avons affaire à une imposture flagrante !