Mala noche
Auteur Walt CURTIS Lecture Novembre 2009
Édition Hachette Création Fiche Novembre 2009
Parution 1997/1997 (V.F. 2003)

 

Origine USA
Traduction D. Bismuth

Je, le narrateur, travaille dans une épicerie d'un quartier défavorisé de Portland, Oregon, magasin qui ferme très tard. Je est trentenaire et boit beaucoup, souvent trop, limite alcoolique. Je est plutôt cultivé, plus que la moyenne de ses clients ou de la population locale.
Un jour, Je croise un groupe de jeunes mexicains, sales et chahuteurs, qui traînent nonchalemment dans les rues de Portland, chapardent deci-delà, travaillent éventuellement dans les champs l'été, et se cachent des services de l'immigration. Parmi les chicanos se trouvent Johnny et Pepper. Johnny, pas dix-huit ans, éphèbe beau comme un Dieu, macho comme pas possible, sûr de son charme, bien que plutôt réservé, enfin tout au moins face à Je. Pepper, la vingtaine, timide et silencieux, qui vend plus ou moins ses faveurs aux hommes un peu plus mûrs.
Je
a le coup de foudre pour Johnny. Il aborde le groupe et, malgré la difficulté de communiquer (eux ne parlent pas un mot d'Anglais et lui très mal Espagnol) Je se lie avec Johnny et Pepper. Mais malgré les dollars, les cadeaux, les promenades en voiture, Johnny ne cède pas aux avances de Je. Les garçons ne l'attirent pas, il aime les jeunes filles. Je ne semble intéresser Johnny que parce qu'il lui laisse conduire sa voiture, le nourrit et l'héberge de temps en temps, aisni que Pepper. Alors Je se contente de Pepper qui lui donne du sexe à défaut de tendresse.
Et puis tous disparaissent subitement. Une carte postale du Mexique de temps en temps pour demander de l'argent pour revenir aux USA ...


Ce court récit m'a laissé un peu perplexe, notamment sur les intentions réelles de l'auteur.

Sur la forme, le roman est écrit comme on écrirait un journal intime, sans vraiment de construction narrative. Il semble d'ailleurs qu'il ait été écrit d'après des notes éparses prises par l'auteur au moment des faits*. Ni bien, ni mal écrit, certains passages sont étonnants de style poétique, rythmique, et dynamique, et d'autres semblent copiés-collés des fucking dialogues d'un mauvais film US, sans que ce soit vraiment un effet de style !

Sur le fond, c'est un peu "Pauvre Je" (que sont mes chicanos devenus ...) ! Pleurnicheries d'un paumé en manque d'amour qui se consume pour un éphèbe qui l'ignore plus ou moins en retour. Comme dans un journal intime, évidemment c'est toujours Je qui parle ou commente. A aucun moment la parole n'est vraiment donnée aux jeunes mexicains, ou seulement au travers de l'idée que le narrateur s'en fait, ne dit-il pas : "Je voyais les gamins mexicains, je les connaissais mieux qu'ils ne se connaissaient eux-mêmes (p. 126)." ! Une construction plus romanesque aurait certainement plus servi le propos. Quoique juste une construction aurait été bien.
Le roman primitif semble se finir page 99. Vient ensuite une partie additionnelle (ajout de 1997 ?), intitulée "Notes sur les gamins mexicains", dans laquelle l'auteur livre quelques unes de ses notes de l'époque, relate une courte entrevue avec Johnny et Pepper un an après les faits de Mala Noche, et livre une lettre tardive (1984) de Pepper. Il faut attendre la page 124 pour que ce récit prenne un peu d'intérêt littéraire au cours d'un monologue sur la défense des jeunes mexicains. Ce monologue est discutable, mais c'est là justement son intérêt : engager une discussion !
"Grave est le crime d'amour sur cette planète (p. 125)." Mais l'auteur ne confond-il pas amour et désir ? Et sa lutte, un peu aveugle (ils sont tous beaux et gentils !), pour les jeunes (pourquoi seulement jeunes ?) chicanos aurait-elle été engagée s'il n'y avait pas ce côté sexuel évident ?!

* Selon les dires de l'auteur (rapportés par Gus Van Sant dans la préface de l'édition française), cette courte tranche de vie (fin 1976 - début 1977) est complètement autobiographique "Tout ce qui est dans ce livre est vrai".


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