Les mauvais anges
Auteur Eric JOURDAN Lecture Juillet 1994
Décembre 2006
Edition Découverte (éditions la) Création Fiche Septembre 2003
Décembre 2006
Parution 1956 (1991)*

Origine France
Traduction

 

 

"L'amour m'offrait le garçon le plus beau parce qu'il était venu du fond de mes rêves et qu'en prenant vie, il en avait gardé je ne sais quel éclat mystérieux."
E. Jourdan "Les mauvais anges" (La Découverte, p.82)


"Pierre et Gérard sont cousins. Ils vivent sous le même toit depuis l'âge de douze - treize ans, lorsqu'après le décès accidentel de leurs mères respectives, deux soeurs, leurs pères ont décidé de se rapprocher, par commodité et par soutien.. Cet été de leurs 17 ans, ils sont en vacances en Touraine, avec leurs deux pères et une cousine. Jusque là, leur relation consistait en une espèce d'amitié familiale, faite d'un soutien réciproque devant l'adversité, entraide toute fraternelle, et d'une certaine compétition mâtinée d'émulation commune devant les efforts à produire et les défis, notamment scolaires, à relever. Cet été tout va changer.
Les deux ados deviennent des jeunes mâles, explosant de sensualité, de sexualité, et d'amour. Un combat de garçons crâneurs, sur une pelouse tendre, au bord d'une eau bucolique, dégénère vite en combat amoureux où nul n'est perdant et nul n'est vainqueur, mais où les coeurs, et les corps tout entiers d'ailleurs, finissent à l'unisson. Les lèvres se rencontrent, les poings s'ouvrent en mains maladroites qui cherchent les corps submergés de chaleur, avides de contacts, les coeurs se libèrent. Pierre et Gérard s'offrent alors à un amour passionnel, absolu, comme seule l'adolescence peut en vivre ; un amour où s'affrontent deux jeunes mâles ; un amour où s'unissent deux coeurs, deux corps, ardents ; un amour exigeant qui bouffe tout sur son passage. Les deux garçons vivent une passion hallucinante, que jalousent les autres adolescents, et qui intrigue les adultes.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille."

* publié par E. Jourdan en 1955, puis par les Editions La Découverte en 1991, Les Mauvais Anges vient d'être ré-édité en 2001 par La Musardine.


Tout d'abord la forme. Le style utilise ce Français quelque peu surrané (hélas) que j'apprécie tant, un style directement hérité d'un Alain-Fournier ; beau, riche, et agréable, au phrasé poétique, tantôt imagé, tantôt direct, jamais ennuyeux, ni pompeux ou verbeux. Le roman est scindé en deux parties équilibrées, dont la narration échoit d'abord à Pierre, puis à Gérard, les deux parties étant liées par le même court espace-temps vu par les deux protagonistes. La partie de Gérard complète celle de Pierre. Au-delà du fond, c'est un récit qui est plus qu'agréable à lire, un exemple à suivre. Selon les sources disponibles lors de la rédaction de cette fiche, ce roman aurait été écrit en 1956 par un jeune écrivain de 16 ans. Il s'avère en fait que le roman fut publié en 1955 (écrit quand ?), Eric Jourdan avait 25 ans*. Quoiqu'il en soit, bien des auteurs actuels devraient en prendre exemple et ré-apprendre à écrire ...
L'histoire est celle de deux adolescents qui découvrent l'amour. A cet âge, c'est tout ou rien. Ici c'est tout. Tout prendre, mais tout donner aussi. L'amour passion. L'amour absolu. L'amour qui dès le début dit son nom "Notre amitié enlevait son masque de guerre, et lentement, sur nos vrais visages, l'amour allait poser ses mains [...]". Mais plus encore, c'est un amour entre deux garçons, chamailleurs, gouailleurs, crâneurs ; un amour fait de combat, de domination, d'affrontement, de renoncement, d'abdication de l'orgueil, de tendresse, de sublimation. "J'offrais ce que j'avais de plus vulnérable, la passion entière ne tendait qu'à cet instant. Pour l'amour de Pierre, je demandais toujours plus à moi-même, et lui, pour moi, cherchait à se dépasser chaque jour". Un amour qui laisse aussi parfois un goût amer de solitude, quand il demande trop "Je savais bien qu'elle était impossible à décrire cette peine faite de trop de bonheur. L'amour est un désastre".
Eric Jourdan est étonnant de lucidité et de maturité dans ce roman, pour un garçon de 16 ans. Sa description des sentiments adolescents est d'une maîtrise parfaite, et d'un recul inimaginable. Il faut avoir aimé et souffert pour écrire un chef-d'oeuvre pareil.
A mettre entre toutes les mains, homo, hétéro, et surtout entre celles des plus jeunes.

N.B. : Lors de sa parution aux Editions de la Pensée moderne (1955 - Eric Jourdan a 25 ans), "Les Mauvais Anges" fut interdit. L'abbé Pihan, directeur de la commission de surveillance du ministère de l'Intérieur, n'apprécie pas cette histoire d'amour entre deux cousins germains ! Entre garçons ! Ce, malgré la préface de deux auteurs de renom (Max-Pol Fouchet et Robert Margerit). Interdit en 1956, puis en 1974, l'ouvrage ne reparaîtra qu'en 1985, en 1991 à la Découverte, et en 2001 à La Musardine.
* Eric Jourdan est né Jean Roger Eric Gaytérou en mai 1930 à Paris et décédé en février 1915. Il a été adopté par l'écrivain américain de langue française Julien Green..



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L'avis de nos lecteurs :

- Matthieu (25 ans) Paris, Août 2004.

Pas d'érotisme gratuit. Pas de pornographie vulgaire... Juste deux adolescents qui s'aiment. Nous sentons leurs souffles, nous respirons leur air, nous aimerions être eux... Mais ils souffrent... L'Amour les fait souffrir. L'Amour est anonyme mais dans ce cas, il a deux visages et deux noms : ceux des protagonistes... On les bat, on les viole, on les spolie, on les nargue, mais leurs sentiments l'un envers l'autre sont si forts qu'ils en deviennent insensibles... Une belle histoire, à faire envier les plus chastes, à exciter les plus perfides, mais à aimer tout simplement.

- Fabien (19 ans) Normandie, Novembre 2005.

Ce livre est un hommage aux rapports entre la nature et la poésie amoureuse. Ces amants ne s'entendent qu'avec la nature. Ils rejettent le monde des hommes. La beauté de ce roman est brute comme la jeunesse. "Les mauvais anges" est un livre qui mérite plus de reconnaissance et j'encourage tous les jeunes romantiques à le lire.

- Nicolas (33 ans) Paris, Octobre 2006.

une oeuvre et un amour pur digne des plus grands romantiques, un amour éternel. A lire et à relire sans réserve afin d'en savourer toute la beauté.


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