"Pierre Seel était
un jeune adolescent alsacien lors de la montée du nazisme. Il
venait juste de découvrir son orientation sexuelle et commençait
à s'assumer comme un jeune gay. Premières rencontres,
premiers émois, premier amour. Pas facile à vivre dans
une famille bourgeoise très catholique. Sous l'occupation, dès
les premières rafles, Pierre est emporté dans le tourbillon
homophobe. L'horreur de la façon dont ses parents apprennent
la chose. L'horreur des camps. L'horreur de la mise à mort de
son ami sous ses yeux. L'horreur des brimades, des tortures. Pire que
tout , la répulsion des autres incarcérés vis-à-vis
des triangles roses, le bas de l'échelle. Comme s'il pouvait
y avoir une gradation dans l'abomination. Puis c'est la libération.
la honte. Les plaques commémoratives sans triangles roses ! Alors
Pierre se marie, fonde une famille. Mais voilà, ça fait
long feu. La nature pousse, alors c'est l'alcool, la dépression,
et le rejet des siens, la solitude. Alors Pierre milite pour s'en sortir.
De plateaux TV en manisfestations, il témoigne pour la mémoire
des torturés qu'on ne nomme pas. Il revendique la présence
des triangles roses survivants aux côtés des juifs, des
communistes, des résistants, et de tous les autres déportés
lors des cérémonies officielles du souvenir."