L'oeil du maître
Auteur Bernard SOUVIRAA Lecture Octobre 2006
Édition Éditions de l'Olivier Création Fiche Octobre 2006
Parution 2006

 

Origine France
Traduction  
 

"... il n'y a plus d'émissions, il n'y a qu'un monde vidé et ils n'ont qu'à cesser de la regarder, s'ils veulent vraiment savoir, qu'ils se mettent à la fenêtre et qu'ils regardent le ciel, ...""
B. Souviraa, L'oeil du maître (p. 155).


Un début de printemps, quelques lycéens adolescents se côtoient dans une petite ville des Ardennes. Martin, secret et renfermé, se débat avec l'éveil de son homosexualité. Nouveau dans la ville, venu de la côte niçoise, Solaap, beau, ténébreux, envoûtant, s'arrange avec une sexualité débridée et insatisfaite. Outre la sexualité, Martin et Solaap abordent tous les problèmes des jeunes adolescents déboulant dans le monde des adultes. Plus tout à fait des enfants, mais pas vraiment encore sevrés, ils errent, un peu perdus, entre deux mondes totalement différents.
Près d'eux, quelques adultes se débattent avec les fantômes de leurs vies : psychoses, cauchemars, fantasmes, ... Isabelle, la grand-mère de Martin, qui élève celui-ci depuis la fuite de sa mère et la mort de son père, homme de passage. Juliette, mère de Solaap, semi-mondaine ringarde, inconséquente nombriliste ultra-liftée. Paolo, père de Solaap, futile et dépassé, totalement étranger à l'éducation d'un ado. Agnès, fraîchement sortie de l'adolescence, qui coiffe tout ce beau monde en rêvant d'une autre vie. Madeleine, prof de lettres des deux ados, funambulant sur la frontière étroite entre réalité et démence. Tous insatisfaits, cherchant, toujours et encore, "autre chose".
Et puis
il y a Aaron, Raa, et Nausicaa, trois chimères qui dansent sous les yeux de Martin, pendant qu'une speakerine hante sa tête et son corps.


"L'oeil du maître" est le premier roman de Souviraa, auteur de théâtre. Ça se sent fortement dans l'écriture, son roman est pratiquement conçu et écrit comme du théâtre, rythmé comme une tragédie. C'est dommage, si Souviraa n'avait opté pour un format "roman" mais une vraie écriture théâtrale, son livre aurait été pleinement réussi. Là, il y a comme un arrière goût d'être passé à côté de quelque chose, des relents insolites qui font se demander ce qui peut bien clocher. Souviraa est un homme de théâtre et il semble avoir du mal à en sortir !
L'idée maîtresse et les diverses idées annexes sont globalement excellentes ; les caractères des personnages, parfaitement cernés, contribuent à cette impression générale. L'agencement temporel, alternances présent/passé en conservant le présent de l'indicatif, donne à l'histoire un rythme particulier, étrange mais intéressant.
En revanche, le développement des idées n'est pas toujours parfaitement maîtrisé. Ainsi, le récit est parfois tantôt inutilement abstrus (souvent les passages avec Aaron - peut-être pour donner un aspect "onirique" à ces passages (?)), tantôt un peu longuet (par ex. le chapitre 12 qui est interminable et dont le contenu aurait pu être largement concentré pour arriver à la même impression narrative). A côté de cela, certains passages sont des petits bijoux comme le chapitre 14, qui, avec ses rendez-vous manqués, est beaucoup mieux maîtrisé, apporte plus à l'histoire, et sert mieux les personnages*.
Dommage, les quelques défauts de ce roman seront agaçants pour un lecteur occasionnel ou superficiel, et réservent donc ce roman à un public restreint, plus "littéraire" et attentif !
Et puis petit clin d'oeil : un problème avec les deux "a" de son nom Bernard Souviraa ?

Comme toujours, bravo aux Éditions de l'Olivier pour la qualité de l'édition.

* Dans ce chapitre, une professeur de lettres disant "Je me suis pas ..." ou "Y'a qu'à ..." m'a fait sursauter ! Bien que ce soit parfaitement plausible, hélas !?


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