Un poisson sur la balançoire
Auteur Eyet-Chékib DJAZIRI Lecture Mai 2003
Edition CyLibris Création Fiche Mai 2003
Parution 1997

 

Origine France
Traduction  
 

"J'inventerai mille manières de te faire plaisir. Je sèmerai sur ta peau des sourires que viendront arroser mes larmes, puis de nouveau mes rires. Mes doigts les mélangeront sans qu'aucune griffure n'écorche son satin. J'étancherai ma soif aux sources de ta vie. Enchaîné à tes pieds pour mieux t'appartenir, j'obscurcirai le ciel pour qu'en pleine nuit ma main vienne te saisir, qu'en moi elle te guide. J'arrêterai la course de la Terre, pour que la nôtre dure éternellement. Et pour toujours te plaire, pour que tes yeux, jamais, ne voient le crépuscule obscurcir ma beauté, je t'assassinerai à l'aube de l'amour, à l'aube de la vie."
Un poisson sur... E.-C. Djazirii


Ca commence par un jeu anodin, quelques bécots distribués sur une balançoire par Sofiène à ses 3 amis. Ils appellent ça des poissons dans leur langage secret d'enfants, que nul adulte ou étranger ne doit percer. Puis les étincelles des bougies de ses 15 ans soufflées au feu ardent des assauts de Khélil débouchent sur l'amour brut et physique, presque animal, mais néanmoins chargé de sentiments. Et Sofiène rencontre Kérim, son autre amour, un amour plus aérien, plus complice et intimiste. Dix-huit mois de bonheur sous le soleil de Tunisie, malgré la jalousie et l'envie suscitées, malgré les rumeurs venimeuses qui se répandent, malgré les quolibets et les injures qui blessent, et malgré le destin qui frappe.


"Un poisson sur la Balançoire" est le premier "roman" de Eyet-Chékib Djaziri, auteur franco-tunisien. En fait, il s'agit d'une autobiographie romancée écrite à partir des carnets intimes tenus par l'auteur lors de son adolescence à Tunis. Cela se sent dans la construction "décousue" du roman. On passe d'une action à l'autre sans ciment, sans lien, exactement comme dans un journal intime, mais ça se fait sans heurt, sans problème. Tout coule comme un ruisseau rafraîchissant sous le soleil tunisien. Sur son site, EC Djaziri qualifie de "maladroit" le style de ce livre. Il n'en est rien, la lecture est très agréable et le français est riche ; c'est presque poétique. Nous suivons avidement Sofiène dans la découverte de son corps, de ses envies, de ses sentiments, de ses amours, dans sa découverte du monde des adultes. On boit ses joies, ses peines, ses peurs. Son rire nous illumine, ses larmes nous chagrinent, ses colères nous enflamment. Djaziri décrit tous et tout avec beaucoup de tact, sans fausse pudeur. Sentiments et actions. C'est parfois chaud, très chaud, mais toujours délicat, sans pornographie ni vulgarité.
Etre homosexuel en Tunisie dans les années 70 ne devait pas être chose facile, ça ne l'était pas à l'époque en France malgré mai 68. Djaziri a eu le courage et la force de vivre pleinement ses amours, la tête haute. Bravo à lui, et merci de nous faire part de ses joies et de ses peines avec tant de talent. La fin tragique des poissons nous fait comprendre pourquoi l'univers de Dzajiri se termine toujours sous des nuages lourds et noirs (comme chez Eric Jourdan). Mais pour ces auteurs, la mort n'est elle pas qu'un passage vers un ailleurs où l'on retrouve enfin la paix et ceux qu'on aime pour toujours.

Un roman à mettre dans toutes les mains, surtout dans celles d'adolescents, dans les bibliothèques des lycées, etc. Merci à Julien de nous l'avoir fait connaître.


Vous avez lu ce livre et voudriez ajouter un commentaire ? Postez-nous votre avis et nous le publierons prochainement.

L'avis de nos lecteurs :

- François B.,Paris, novembre 2004.
C'est un roman très touchant, sensuel, jamais vulgaire malgré des scènes crues. Cependant j'ai du mal à adhérer à l'âge des protagonistes : il y a un décalage entre le style d'écriture assez mature et la jeunesse des héros. Ca ôte un peu de crédibilité à l'histoire.

- Michel E., 33 ans, Paris, novembre 2007.
C'est un livre qu'on ne lache qu'une fois terminé tellement il est captivant. Cette biographie romancée me rappelle toute ma jeunesse au Maroc. J'ai vecu des histoires similaires à celles que tous les jeunes découvrant leur homosexualité vivent partout dans le monde, même si l'homosexualité est maintenant mieux reconnue. Il est difficile d'afficher ses préférences dès l âge de 16 ans. Ce livre m'a marqué à jamais. A lire absolument.
La suite : UNE PROMESSE DE DOULEUR EST DE SANG nous laisse triste par cette fin tragique et on comprend mieux le suicide des jeunes homos de ce siècle.


RETOUR PAGE ACCUEIL
Accueil HomoLibris