La séquestration
Auteur Nicolas CANO Lecture Février 2019
Edition Grasset Création Fiche Mars 2019
Parution 2018
Origine France
Traduction  
 

"N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres."
Léo FERRE. Il n'y a plus rien (1974)


Un homme s'éveille, enfermé dans une pièce exigüe, blanche et sans âme, sans porte, ni fenêtre. La pièce est équipée d'un ordinateur, d'un distributeur d'aliments, d'un four à micro-ondes, d'un lave-linge, d'un lit, d'une douche et de toilettes. Sur l'écran du distributeur défilent des photos de la vie de l'homme et de son "filleul". L'homme utilise l'ordinateur pour tenir un journal. Il décrit d'abord la pièce dans laquelle il est enfermé, puis le moment de son réveil, son idée de communiquer avec l'extérieur, ses interrogations sur sa présence dans ce lieu, sa phobie des cafards. Puis l'homme se raconte ; son travail au journal, son penchant pour les garçons, son physique peu avenant, ses voyages dont des photos s'affichent sur l'écran, le rapprochement de son "filleul" avec la gardienne de l'immeuble où il vit dans un quartier embourgeoisé de Paris, l'engagement violent de son "filleul" dans des mouvements de groupuscules extrémistes contre un référendum sur l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans les lieux publics. Il raconte, mais peut-être la fantasme-t-il, son arrestation arbitraire. Croyant élucider la raison de sa séquestration, il décide d'en écrire l'acte final.


Difficile de voir dans ce roman une quelconque comparaison avec "Le procès" que nous vante abusivement la quatrième de couverture. L'absurde ne transparait à aucun moment dans "La séquestration" ; le propos est très loin de celui d'un KAFKA ou d'un CAMUS, d'un IONESCO, d'un VIAN, etc. Aucune angoisse n'émerge de ce court roman, juste une affligeante banalité à l'image de la vie insipide de ce bourgeois parisien grassouillet et mou. Il ne reste qu'un pâle manifeste vaguement pamphlétaire dans lequel suinte une paranoïa complotiste, transcendante généralement dans les milieux communautaristes ou dogmatistes. "La séquestration" est, hélas, loin des grandes dystopies contre les déviances totalitaristes comme "Le meilleur des mondes" (Aldous HUXLEY), "1984" (George ORWELL), ou plus récemment "2084" (Boualem SANSAL), ou des romans historiques libertaires comme "La mémoire des vaincus" (Michel RAGON).
Dommage, Nicolas CANO est un bon auteur. Nous avions apprécié son premier roman "Bacalao" dont nous avions salué le style fluide, le vocabulaire riche, et les références culturelles. A l'inverse, "La séquestration" donne dans les psittacismes du moment et le franglais abusif dignes d'un jargon technocratique de fond de cour d'École de Commerce qui fait les plus belles heures des chroniqueurs TV. Ces approximations lexicales choquent sous la plume d'un littéraire issu du milieu de l'art.
En ce qui concerne l'homosexualité, le narrateur fait juste allusion à son goût pour les beaux garçons. Son "filleul" (qui est en fait un protégé qu'il a receuilli, instruit, et dont il a financé les études) n'est pas du tout ce que désigne souvent un Monsieur un peu âgé en présentant un jeune homme qui lui rend vingt ou trente ans !



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