Correctement écrit,
dans un style direct, phrases courtes et simples. Construction linéaire,
avec parfois quelques retours en arrière. Plutôt agréable
à lire, malgré quelques maladresses et un vocabulaire
de technocrate :
- beaucoup d'anglicismes, mal
ou pas francisés, preuve du manque d'imagination de certaines
castes dans la création de néologismes, alors de là
à écrire un grand roman ... ;
- saga des marques : on n'ouvre
pas un ordinateur mais un "Mac", on ne navigue pas sur un
site gay mais sur "Gayvox", on regarde l'heure à
sa montre "Chopard", etc. ;
- tiques verbaux : ex. on ne s'interroge
pas, on n'a pas de questions, mais des "questionnements",
mot à la mode dans les années 2010, sans qu'on sache
trop d'où il sort (le mot n'apparaît pas dans le dictionnaire
de l'Académie Française !)
J'ai cependant
été content de lire que les personnages allaient à
vélo (c'est si rare de nos jours!), mais déçu plus
loin de constater qu'ils allaient tout de même en moto !
Dans le fond,
l'idée de départ est bonne, mais le traitement plutôt
superficiel. Les personnages manquent de profondeur et d'envergure.
La mère est attachante, et il est plaisant de la suivre. Dommage
que l'auteur ne soit pas allé plus loin dans cette piste. L'abracadabrantesque
retournement de situation du chapitre vingt-trois laisse un peu pantois,
mais permet à l'auteur une fin plaisante, euh pardon, un happy
end ! Quelques contradictions apparaissent par-ci par-là : par
ex. Patrick se moque de Sébastien, le traitant de "honteuse",
alors que tout le monde autour de lui connaît son homosexualité,
il n'en fait pas mystère. Mais il est vrai que Sébastien
rejette la "culture gay" : Mylène Farmer, Hervé
Guibert, Têtu, Ozon, etc. (chapitre seize) ! Euh c'est quoi ce
caricaturisme ? Parce que là, moi aussi je suis honteuse...
Heureusement, il y a des petits passages presque d'anthologie : le prologue
(notamment la fin de Sébastien) et la découverte du drame
par Alix sont particulièrement bien décrits. Dommage que
tout le roman ne soit pas de cette veine-là.