Sur le fond. Stéphane
DUBIN hésite entre polar-politique, tranche de vie romantique,
dénonciation de la mafia politique, et sujet brûlant du
refus de vivre son homosexualité. La fin elliptique du roman
souligne cette valse-hésitation ! Dommage, dans chaque cas, il
y avait de la substance et des idées que l'auteur n'a pas su
exploiter. Il est à noter que si les deux bords politiques sont
visés par la vindicte de l'auteur, les méchants de droite
sont vraiment méchants et ne s'en tirent pas à bon compte,
mais les méchants de gauche sont pardonnés et peuvent
continuer à faire leurs petites escroqueries tranquillement,
même si l'auteur n'en pense pas moins !
Sur la forme. Tout reste à faire. Aucun style, aucun effet narratif,
aucun rythme, un vocabulaire approximatif réduit à une
centaine de mots, maximum ! L'auteur tente de piquer par-ci par-là
des phrases préfabriquées en les maquillant maladroitement.
Tout est niaiseux à souhait et ma concierge a du souffler quelques
répliques dont elle a le secret ("[...] il commanda une
bière et une assiette pour déjeuner." ; " L'homme
est surmonté d'un chapeau." ; "[…] Benoît
essaie de trouver la meilleure façon de l'aborder en tant que
personne […]." !). De plus, l'investissement dans un dictionnaire
ne serait pas du luxe ! Cela permettrait à l'auteur de vérifier
la définition d'un certain nombre de mots, et notamment de saisir
la différence entre "amener" et "apporter",
et entre "apporter", "emporter", "rapporter",
et "remporter" ; idem entre "trouver" et "retrouver",
"entrer" et "rentrer", "ajouter" et "rajouter",
ainsi qu'entre "paraître" et "apparaître"
; idem entre "se rappeler" et "se souvenir" ; idem
entre "beau-fils" et "gendre" ; en passant, merci
de noter que "bonbons" est une exception qui ne prend pas
de "m" avant le b... Eh oui ! Le lecteur n'échappe
pas à l'emploi de "faire" au lieu de "dire",
ni à de nombreux psittacismes du moment (on ne s'interroge pas,
on se questionne ; on ne discute pas, on échange ; etc.). Et
tout est à l'avenant ! J'ai cru qu'il s'agissait d'une édition
à compte d'auteur (ceci expliquerait cela), mais je n'en suis
pas sûr, hélas !…
"Les quelques minutes sur l'autoroute plongent Julien dans
le bruit du roulement sourd et monotone de la gomme sur le bitume"…
et le lecteur dans un profond ennui.
Bref une lecture dont je me serais volontiers passé !