Les vacances du petit Renard
Auteur Arthur CAHN Lecture Mars 2019
Edition Seuil Création Fiche Avril 2019
Parution 2018

 

Origine France
Traduction  


Paul Renard part en vacances avec père, mère, et sœur, dans la maison de campagne familiale héritée de la grand-mère paternelle ; il y célèbrera ses quatorze ans. La famille y rejoint Bénédicte et Hervé qui séjournent dans une dépendance. Bénédicte est la sœur de Maman ; Hervé son meilleur ami, quarantenaire ouvertement homosexuel. Durant le séjour, Paul fait la connaissance d'Arnaud, dix-neuf ans, beau-fils de l'homme-à-tout-faire qui s'occupe de la propriété tout au long de l'année.
Paul est fasciné par Hervé qu'il trouve beau*, alors que lui-même se trouve plutôt moche, flasque et bouboule. Il essaie de s'approcher d'Hervé et d'entrer dans l'intimité de l'objet de sa convoitise par le biais d'une application smartphone. Arnaud aussi est secrètement gay, il aimerait lier amitié, voire plus, avec Paul, mais Paul le trouve moche**. L'été passe lentement au sein de ce microcosme.

*Sans que le lecteur en ait une description précise;
** Idem, sauf une indication : Arnaud est roux.



L'idée de départ, les premiers émois d'un préadolescent, est intéressante et le roman comporte beaucoup de bonnes réflexions, ébauchées ou développées. Mais
il n'est pas facile à un adulte mature, cultivé et partisan, de s'introduire dans l'insouciance égocentrique d'un préadolescent ! D'ailleurs l'auteur en fait implicitement l'aveu en s'arrogeant la narration plutôt que de la laisser à son personnage central. Le style est plutôt agréable, mais inégal et changeant, parfois hésitant, comme ces tentatives maladroites "d'impersonnalisation" (on*, il, cela, etc.) pour essayer de transcrire les atermoiements du jeune Paul ou les errances du groupe, en semblant s'en détacher. Dommage car certaines situations sont, par ailleurs, bien développées.
La maîtrise littéraire n'apparaît aboutie qu'à partir de la page cent quarante-neuf, quand l'auteur n'essaie plus d'entrer dans la tête d'un ado de quatorze ans, mais dans celle d'un garçon (dont l'âge importe peu) amoureux d'une chimère. Et là, il y réussit très bien. Le style aussi s'adapte ; d'hésitante, l'écriture devient poétique et imagée (dommage que tout le roman n'ait pas été de cette veine !). Mais voilà, l'histoire s'achève. Ce sont sans doute ces derniers chapitres qui ont valu à ce livre d'être roman gay de l'année 2018 (?). Effectivement, le lecteur reste finalement sur une bonne impression, quelque peu usurpée !

* A ce propos, l'auteur fait une faute d'orthographe récurrente. Si l'Académie, dans son souci de nivellement par le bas, autorise l'accord du participe passé au pluriel quand "on" est usité à la place d'un "nous", il n'en est pas de même quand le "on" est article indéfini neutre. Puisque c'est le narrateur qui conte, et non un des protagonistes du groupe, c'est ici le cas. Le "on" est utilisé comme une espèce de "iloiement", donc pas de "s" final aux participes passés. D'autre part, l'emploi systématique de "rajouter", "rentrer", etc., au lieu de "ajouter", "entrer", etc., prête à sourire sous la plume d'un folliculaire, mais est inacceptable de la part d'un littéraire (enfin... d'après biographie de l'auteur en quatrième de couverture).



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