Co-production BBC, ce film
n'est pas à proprement parler un film "gay", en cela
il n'en est que plus louable. Il serait plutôt à "cataloguer"
(pour autant qu'un catalogage soit utile !) dans la classe des "thrillers".
Mais c'est bien que Ruth Rendell ait intégré l'homosexualité
masculine comme élément de son roman, sans plus d'insistance.
On pourrait certes mentionner que Tim demande à Ivo de ne pas
faire état du type de leur relation aux membres de l'équipage
(qui de toute façon semblent ne pas l'ignorer !), mais c'est
plus parce que leur relation est au bord du gouffre que parce qu'elle
est homosexuelle. Toutefois, le fait que l'homosexualité puisse
être un problème pour certains n'est pas éludé
(personnage de James, amant d'adolescence de Tim, rencontré quelques
années plus tard, marié, mais toujours attiré par
Tim). L'intrigue et le suspens sont bien construits, avec des rebondissements
parfois attendus, mais correctement amenés. J'ai quelque peu
été contrit dans ma francitude que le mauvais méchant
soit Français (bien que joué par un Canadien anglophone
d'origine italienne, pourquoi ne pas avoir pris un Français ou
un Québécois, ne serait-ce que pour l'accent !? - Et aussi
pourquoi ne pas avoir pris un bel homme, pour mieux correspondre avec
les goûts de Tim montrés jusque-là ? La laideur
physique du personnage est-elle en rapport avec sa laideur morale ?
Ca ferait un peu cliché : on est mauvais parce qu'on est laid
et bon parce qu'on est beau ! ...). Malgré la présence
de scènes assez chaudes et très suggestives, le film élude
toute nudité frontale, mais les petits coquins (moi) remarqueront
l'équivoque scène où Tim se promène chez
Ivo en slip blanc moulant et monocouche (c'est-à-dire non doublé
devant, comme la plupart des sous-vêtements) en pleine lumière
!!
L'image est belle, la lumière ténébreuse des côtes
aléoutiennes est parfaitement rendue et participe à l'angoissante
et froide atmosphère de la croisière scientifique. Le
jeu des acteurs est irréprochable ; Lee WILLIAMS (jeune mannequin
gallois passé avec bonheur au cinéma) au visage expressif
qui évolue tout au long du film (devrait faire un peu de sport
pour acquérir des formes cependant), et Marc WARREN (acteur anglais
de théâtre), mystérieux et froid, entre Sting et
Kenneth BRANNAGH, tous deux parfaitement à l'aise dans les scènes
intimes, portent le film par leur jeu subtil. Le montage est déroutant
(mélange des lieux et des époques, conversations de Tim
avec un personnage hors champ, etc.), mais participe pour beaucoup à
perdre le spectateur, pour ne lui dévoiler qu'au dernier moment
les ressorts de l'intrigue. La toute fin est sublime dans toutes les
possibilités que peut offrir l'attitude de Tim.
Film pour tous.
Le film est disponible
uniquement en Anglais avec sous-titrage Français, pas de découpage
en chapitres et pas de bonus (sauf bande annonce). Production Optimale,
ce qui veut dire plusieurs bandes annonce pour d'autres films du même
producteur avant d'accéder au menu.
D'autre part, pourquoi ne pas avoir traduit le titre ? "Aucune
nuit n'est trop longue", c'est pourtant très joli en Français,
et tout aussi accrocheur, si c'est le but recherché !!!!