Shank
Réalisateur Simon PEARCE

Shank

Wayne VIRGO : Cal
Marc LAURENT : Olivier
Tom BOTT : Jonno
Alice PAYNE : Nessa
Gary SUMMER : Scott

DVD Prod Optimale
Parution 2009/ DVD 2009
Origine Angleterre
 

"C'était la zone [...], des masures, des taudis insolites, des ruines [...]. Quant à la faune habitant là-dessous c'était la fine fleur, c'était l'élite [...] du pavé, des besogneux, des gueux, des réprouvés, [...] Adoptée par ce beau monde attendri, une petite fée avait fleuri au milieu de toute cette bassesse."
G. Brassens, La princesse et le croque-note.


Cal a dix-huit ans. Il traine dans les quartiers zonards de Bristol (Angleterre) avec une bande de jeunes désœuvrés, décérébrés, violents, et abrutis de coke, menés par Nessa, jeune harpie virago, en guerre contre tout et tous. Ces joyeux lurons ne négligent pas, entre deux vandalismes gratuits et ludiques, de casser du "pédé", pour passer le temps et parce-que, ben parce-que c'est comme ça, les tapettes s'est fait pour être cassées, non ?
Mais Cal cache un lourd secret. Il aime les rapports entre hommes. D'ailleurs Cal a un faible pour Jonno, son meilleur ami, le beau gosse de la bande. Oh bien sûr, Cal n'est pas une fiotte. Quand il se fait prendre dans des lieux incongrus, c'est sauvagement, violemment, et il ne jouit pas. Scott l'apprend à ses dépens, quand il demande un peu plus que de la baise brutale, il se prend un coup de boule dans le nez. Cal n'est pas une fiotte. Mais, pendant ses ébats, Cal se fait filmer avec son téléphone mobile, car les moments de tendresse, c'est tout seul, ensuite quand il regarde le film.
Un jour comme un autre, après quelques tags et autres détériorations usuelles de divers lieux, Nessa, Jonno, et Cal croisent le chemin d'Olivier, un jeune français, étudiant en architecture à Bristol. Olivier porte sur lui son homosexualité. Il n'en faut pas plus à Nessa pour se ruer sur lui et le rouer de coups, incitant les garçons à se joindre. Jonno, obéissant, tabasse Olivier à son tour, mais Cal s'interpose et permet à Olivier de fuir. Puis, délaissant ses amis, rattrape Olivier pour lui rendre ses affaires restées sur le trottoir et le raccompagne chez lui. Après ce méfait, Cal, rejeté de la bande par Nessa et ses sbires, au grand dam de Jonno, se réfugie chez Olivier. L'impensable s'accomplit, Olivier apprivoise Cal qui découvre la tendresse, la douceur, les câlins, l'amour !
Mais la bande est à la recherche de Cal. Par ailleurs, Scott, professeur d'architecture d'Olivier, croise celui-ci en compagnie de Cal, et le met en garde.



La forme. Shank est un premier film d'un tout jeune réalisateur anglais (21 ans au moment du tournage - 2009 - cf. le "making-off" dans les bonus). C'est quasi une réussite. On pourra juste regretter quelques faiblesses dans le scénario. Sinon, l'image est parfaite, même dans les rares séquences tournées caméra à l'épaule ou dans les passages en "vidéo téléphone mobile". Le montage est dynamique et quelques artéfacts permettent à l'auteur de sortir de la linéarité de son récit (par exemple, les courts plans fixes à répétitions sur Scott qui se confie à un tiers (hors champ) dont on ne connaîtra l'identité et l'implication dans les "aventures" de la bande qu'à la toute fin du film, habile !). Les acteurs, dont pour beaucoup c'est le premier rôle au cinéma long métrage, sont excellents. De plus, c'est un film anglais, pas américain, alors pas de fausse pudeur, pas de minauderie : on baise nu, on se douche nu, on s'embrasse à pleine bouche, et les acteurs sont très à l'aise avec toutes ces scènes réalistes, témoin également d'une bonne direction d'acteurs. Seul petit bémol : la scène de "viol" dans l'usine désaffectée ne me paraît pas sonner toujours juste et la violence qui devrait sortir de cette scène semble quelque peu retenue sans que l'effet soit voulu (même pour suggérer que Cal n'est pas vraiment non consentant) ? Il faut toutefois considérer cette scène comme étant probablement la plus difficile à jouer dans ce film...

Le fond. Comment être une petite frappe dans une bande à la philosophie hooliganesque et affirmer son homosexualité ? Affirmer, c'est-à-dire déjà commencer par se reconnaître comme tel. Tout à l'opposé de ce que tout et tous vous disent dans ce milieu violent et haineux. C'est une perversion qu'il faut combattre, voire abattre ! Mais est-ce vraiment plus facile quand on est une folle insouciante et modasse ? C'est ce que le film semble dire, mais je n'en suis pas si sûr ! Quoiqu'il en soit, la rencontre de ces deux êtres opposés est plutôt réussie (juste un point étonnant : si un type comme Cal devait rencontrer l'amour et la tendresse, peu probable que ce soit avec un Olivier, archétype de la folle modasse au physique maigrelet - de ce côté-là, les scénaristes auraient pu rendre ce personnage un peu moins caricatural et lui donner plus de dimension et de profondeur ; malgré tout, Marc LAURENT, jeune acteur belge, ne s'en tire pas trop mal !). Cependant, l'auteur passe avec brio de scènes violentes à des moments de tendresse érotiques, grâce à la complicité de ses acteurs et d'une bande son qui suit et s'adapte parfaitement à la trame du scénario et aux différentes séquences. La scène de sexe entre Cal et Olivier est un moment fort du film, à la fois visuel et scénaristique. Visuel, car rien n'est caché (enfin dans les limites d'un film non pornographique), et pourtant, la scène est pleine de tact. Scénaristique, car on voit très bien la métamorphose, ou plutôt l'éclosion de Cal - par exemple, il n'embrassait jamais et ses rapports étaient toujours violents, alors que là, il embrasse plusieurs fois Olivier à pleine bouche, et le rapport est d'une infinie délicatesse, d'une incommensurable tendresse ; de plus, on peut comprendre que c'est la première fois qu'il est actif (dialogue entre lui et Olivier juste après l'acte). Autre point avec lequel l'auteur joue subtilement, c'est l'ambigüité des sentiments de Jonno pour Cal et l'équivoque de son attitude quand il découvre l'homosexualité de ce dernier... Juste déçu que son meilleur ami soit un "enculé" ou profondément désappointé que ce ne soit pas lui qui l'ait défloré (cf. les dialogues lors de la scène de "viol" ...) ?
Dernier point : bravo d'avoir subtilement montré l'usage du préservatif pendant la scène d'amour entre Cal et Olivier, et d'insister sur l'absence de protection dans la scène de baise avec Scott (Narration de celui-ci au personnage hors champ) !
Film pour tous.

Le film est disponible uniquement en Anglais avec sous-titrage Français, pas de découpage en chapitres et peu de bonus ("making-off" et bandes annonces). Production Optimale, ce qui veut dire plusieurs bandes annonce pour d'autres films du même producteur avant d'accéder au menu GRRRR.


Jonno (Tom BOTT) - Nessa (Alice PAYNE)
La haine


Jonno (Tom BOTT) - Cal (Wayne VIRGO)
Regard ambigu


....
Cal (Wayne VIRGO) - Jonno (Tom BOTT)
Souflette ambigüe

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  Cal (Wayne VIRGO)



Cal (Wayne VIRGO) - Olivier (Marc LAURENT)
Préservatif


....
Cal (Wayne VIRGO) - Olivier (Marc LAURENT)

. .... ....
Le sexe peut être empreint de tendresse ...



Olivier (Marc LAURENT)


Cal (Wayne VIRGO) - Olivier (Marc LAURENT)

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Cal (Wayne VIRGO) ................................................................................... Olivier (Marc LAURENT)


Cal (Wayne VIRGO) - Jonno (Tom BOTT) 
Amour/Haine


Cal (Wayne VIRGO) - Olivier (Marc LAURENT)

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