Excellente lecture, romancée
et documentée : ce roman "historique" est proche de
la biographie tout en restant dans le récit romanesque.
Le style, transcrivant fort bien d'une façon moderne les formes
ampoulées du grand siècle sans les pasticher, est souple
et agréable, servi par un vocabulaire riche, parfois érudit*,
ressuscitant des mots obsoletes tel bougres (de bogomiles,
secte de bulgares hérétiques qui passaient pour avoir
des moeurs dissolues) ou bardaches (de bredaiche, Italien bardassa,
Arabe bardag = esclave), etc. Le récit, essentiellement
linéaire et donc relativement simple, est captivant et savoureux,
parfois un brin coquin. L'auteur a parfaitement su éviter les
pièges d'une littérature légère tout en
maintenant un érotisme certain ; sans égaler "Loïc"
d'A. Meyer (Eds Textes Gais) sur ce terrain, certains passages sont
parfaitement explicites et croustillants, tout en laissant le roman
accessible à tou(te)s (amateur des écrits du Divin Marquis,
Mr. Puzin ?!).
Le contenu suit le contenant. Si, par-ci, par-là, l'auteur remplit,
au gré de son imagination, les trous laissés par l'Histoire,
il a su montrer pour notre plus grand plaisir que la vie de Louis de
Bourbon et les moeurs du Grand Siècle n'ont pas de secret pour
lui. Notamment, la vie à la cour de Versailles sous Louis XIV
est parfaitement bien décrite. Nous avons toutefois relevé
plusieurs désaccords avec les écrits de Eve de Castro
("Les bâtards du Soleil", Eds Olivier Orban, 1987),
mais il convient de remarquer que cette biographie des bâtards
de Louis XIV fait beaucoup plus état du Duc du Maine, du Comte
de Toulouse, et des autres rejetons de la Montespan que de Louis de
Bourbon ou de sa soeur Marie-Anne. D'ailleurs sa bibliographie est pauvre
en références sur les enfants de la Duchesse de la Vallière
!
Quoiqu'il en soit, "Louis de Bourbon ou le soleil maudit"
de Claude Puzin pourrait servir de prélude sans rougir à
la lecture de l'excellent "L'allée du Roi" de Françoise
Chandernagor (la vie de Mme de Maintenon à la cour de Louis XIV)
!
Se distraire en se cultivant, voilà une bonne chose.
Dernier
point, félicitations aux Editions Textes gais, d'abord pour avoir
publié cet excellent manuscrit, mais aussi pour la qualité
de l'édition **.
*
on regrettera cependant que l'auteur tombe dans l'erreur
commune en utilisant "dentition" pour "denture"
(oh !! à deux reprises en plus !) et "émérite"
pour "accompli, talentueux, doué, etc." (même
si l'Académie avalise, hélas, cette erreur commune dans
la neuvième édition de son dictionnaire !).
** Il manque juste un "a" ligne 6 page 25...