Louis de Bourbon, ou le Soleil Maudit
Auteur Claude PUZIN Lecture Décembre 2007
Edition Textes Gais Création Fiche Décembre 2007
Parution 2007

 

Origine France
Traduction  


Louis de Bourbon, Comte de Vermandois (1667 - 1683), est le fils légitimé de Louis XIV et de sa première favorite Louise de la Baume-le-Blanc, Duchesse de la Vallière et de Vaujours. Louis est traité en Prince, son éducation est prise en charge d'abord par Mme Colbert, puis par Madame, épouse du Duc d'Orléans, frère du roi, après la présentation officielle à la cour. Louis a rang de Prince de sang. Sa mère quant à elle le néglige. Louise de la Vallière choisira finalement de se cloîtrer au Carmel après son évincement dans le coeur du roi par Mme de Montespan. Louis erre, solitaire et désoeuvré, dans sa prison dorée, le château de Versailles.
1682, Louis a quinze ans. Il est, aux dires de la cour, d'une grande beauté, les traits fins et réguliers, la chevelure abondante, le port gracieux ; il combine la beauté et la grâce de sa mère avec la majesté de son père. De taille moyenne, il possède une belle musculature. Cavalier accompli, danseur virtuose, il est infatigable. Comme son père, Louis est attiré par le bel art.
Il a tôt fait d'attirer sur lui les regards des "Chevaliers Italiens", homosexuels notoires qui composent l'entourage de Monsieur, frère du roi, dont les goûts sexuels ne sont un secret pour personne. Au printemps, saison propice aux montées de sève, le Chevalier de Lorraine, ex-amant de Monsieur, attire Louis dans ses rets. C'est son cousin, François-Louis de Bourbon-Conti, Prince de La Roche-sur-Yon, qui cueillera le fruit. Les compères initieront le jeune homme lors de la création, sous leur autorité, d'une confrérie de la Volupté, ordre secret voué aux plaisirs entre hommes. Découverte, la confrérie est dissoute, et ses membres punis. Sa majesté tolère les invertis, il supporte les frasques de son frère, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Que sa propre descendance ait trempé dans cette ignominie le révulse. Louis est fouetté et exilé à Fontainebleau où, malgré l'interdit royal, il reverra son amant François-Louis, à la dérobée.
En 1683, à 16 ans, Louis quitte sa retraire forcée pour les champs de bataille. Il n'aura pas le temps de se couvrir de gloire, emporté par une fièvre maligne sous les remparts de Courtai le 18 novembre, oublié de l'Histoire.


Excellente lecture, romancée et documentée : ce roman "historique" est proche de la biographie tout en restant dans le récit romanesque.
Le style, transcrivant fort bien d'une façon moderne les formes ampoulées du grand siècle sans les pasticher, est souple et agréable, servi par un vocabulaire riche, parfois érudit*, ressuscitant des mots obsoletes tel bougres (de bogomiles, secte de bulgares hérétiques qui passaient pour avoir des moeurs dissolues) ou bardaches (de bredaiche, Italien bardassa, Arabe bardag = esclave), etc. Le récit, essentiellement linéaire et donc relativement simple, est captivant et savoureux, parfois un brin coquin. L'auteur a parfaitement su éviter les pièges d'une littérature légère tout en maintenant un érotisme certain ; sans égaler "Loïc" d'A. Meyer (Eds Textes Gais) sur ce terrain, certains passages sont parfaitement explicites et croustillants, tout en laissant le roman accessible à tou(te)s (amateur des écrits du Divin Marquis, Mr. Puzin ?!).
Le contenu suit le contenant. Si, par-ci, par-là, l'auteur remplit, au gré de son imagination, les trous laissés par l'Histoire, il a su montrer pour notre plus grand plaisir que la vie de Louis de Bourbon et les moeurs du Grand Siècle n'ont pas de secret pour lui. Notamment, la vie à la cour de Versailles sous Louis XIV est parfaitement bien décrite. Nous avons toutefois relevé plusieurs désaccords avec les écrits de Eve de Castro ("Les bâtards du Soleil", Eds Olivier Orban, 1987), mais il convient de remarquer que cette biographie des bâtards de Louis XIV fait beaucoup plus état du Duc du Maine, du Comte de Toulouse, et des autres rejetons de la Montespan que de Louis de Bourbon ou de sa soeur Marie-Anne. D'ailleurs sa bibliographie est pauvre en références sur les enfants de la Duchesse de la Vallière !
Quoiqu'il en soit, "Louis de Bourbon ou le soleil maudit" de Claude Puzin pourrait servir de prélude sans rougir à la lecture de l'excellent "L'allée du Roi" de Françoise Chandernagor (la vie de Mme de Maintenon à la cour de Louis XIV) !

Se distraire en se cultivant, voilà une bonne chose.

Dernier point, félicitations aux Editions Textes gais, d'abord pour avoir publié cet excellent manuscrit, mais aussi pour la qualité de l'édition **.

* on regrettera cependant que l'auteur tombe dans l'erreur commune en utilisant "dentition" pour "denture" (oh !! à deux reprises en plus !) et "émérite" pour "accompli, talentueux, doué, etc." (même si l'Académie avalise, hélas, cette erreur commune dans la neuvième édition de son dictionnaire !).
** Il manque juste un "a" ligne 6 page 25...


Vous avez lu ce livre et voudriez ajouter un commentaire ? Postez-nous votre avis et nous le publierons prochainement.

L'avis de nos lecteurs :

RETOUR PAGE ACCUEIL
Accueil HomoLibris