Après le spectacle
Auteur Francis LEPLAY Lecture Mai 2006
Édition Seuil (écrire) Création Fiche Mai 2006
Parution 2006

 

Origine France
Traduction  

"Je sais je sais que ce prochain amour
Sera pour nous de vivre un nouveau règne
Dont nous croirons tous deux porter les chaînes
Dont nous croirons que l'autre a le velours."
Jacques Brel "le prochain amour".

"Moi, j'attends près de mon tortionnaire, à une rue de lui, pas plus, qu'il me donne des nouvelles pour je puisse rappliquer. j'apprends à ramper."
Francis Leplay, Après le spectacle (
p 92).


Brice est acteur de théâtre ; il vient de finir "Les chiens de Conserve"* et répète "Splendid's"**. Brice a 36 ans, il vient de vivre une histoire d'amour avec Pierre, garçon de son âge, amoureux lui aussi, mais pas prêt à s'investir dans un couple. Brice se plonge alors dans son travail, dans la révolte des intermittents, il a décidé de se battre aux accents du père Hugo "Celui qui se bat perdra peut-être. Celui qui ne se bat pas a déjà perdu". Au soir d'une première, il croise une apparition qui ne le remarque même pas. Un beau grand jeune homme, ouvreur et serveur à l'occasion. Les miracles existent : quelque temps plus tard, dans une brasserie, Brice rencontre de nouveau l'apparition, Matthieu, flanqué de son égérie, Pénélope. Le couple l'invite à leur table. Progressivement Brice s'approche de Matthieu. Le décor est planté. Action.

* "Les chiens de conserve" de Roland Dubillard, à voir absolument,
**
"Splendid's" de jean Genet


Pour ce premier roman, Francis Leplay nous emmène sur une variation de l'amour passionnel. Mais cette variation est bien travaillée, et riche en accidents (pour rester dans le vocabulaire de la musique !). La vie n'est pas simple, et ce ne sont pas ses personnages, aux caractères bien trempés, qui vont contribuer à la simplifier. Bien sûr tous les éléments ont déjà été archi-utilisés dans la littérature, aucune nouveauté donc, mais le tout est bien agencé, bien amené, et servi par une belle écriture. On sentirait presque le vécu, voire l'autobiographie, mais distillée avec subtilité, contrairement à d'autres dont le pseudo-existentialisme me semble pachidermique. On voudra pour preuve de cette subtilité, la chute finale de "la consoleuse rémunérée"...
Leplay alterne intimisme et descriptif, passant du "je" narratif de Brice, à une distanciation de son personnage quand il reprend possession de sa plume pour écrire "il" ou "Brice". Il joue aussi avec la chronologie, mélangeant passé, présent, et futur, mais sans exagération. Le tout donne un roman plaisant à lire.
On s'ennuie un peu lors du sempiternel couplet sur les intermittents du spectacle (il faut bien prêcher pour sa paroisse) ; mais les apartés sur le théâtre (notamment sur Splendid's) sont très intéressants : "Être à la hauteur de son image pour Genet c'est aussi pouvoir la trahir" (p117) (voir aussi pp. 122-124). Plus quelques réflexions sympathiques sur l'homosexualité : "C'est troublant d'avoir nié toute sa jeunesse une partie de son identité, et, une fois dévoilée, de n'êtr
e plus éclairée que par elle. Ce n'était pas l'homosexualité qui me gênait, mais la place qu'elle me réservait dans la société. Je ne voulais pas me définir, parce que j'avais peur de me réduire" (p.125).
Un roman agréable, et un auteur prometteur, qui manque encore de maturité littéraire, mais qu'il faudra suivre, à l'instar de Erwan Chuberre (Vierge ascendants désordres) par ex.



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