La douceur
Auteur Christophe HONORE Lecture Mai 2002
Edition Editions de l'Olivier Création Fiche Juin 2003
Parution 1999

 

Origine France
Traduction  


Steven a 11 ans lorsque, envoûté par Jeremy, un de ses camarades de colonie de vacances, il se laisse entraîner dans la complicité d"un crime d'une barbarie insoutenable sur un autre enfant du camp. Des années plus tard, il tente de se raconter. Baptiste son frère entreprend le même travail de compréhension de cet événement, tantôt en interrogeant Aude, la directrice de la colonie, devenue tout à fait par hasard sa maîtresse, tantôt par introspection. Mais Aude voudrait oublier. Comment associer l'amour et l'abomination ?
Baptiste ne voit qu'une issue. Partir. Partir avec Steven, loin, loin où rien ne les touchera, surtout pas le passé !


Ce roman est fort, très fort, parfois compliqué, mais bien construit et... très dérangeant. Certaines scènes pourront paraître insoutenables, et Ch. Honoré décrit l'horreur sans complaisance ni fausse pudeur, avec des mots vrais de tous les jours, sans les euphémismes qu'on imagine dans le rapport de gendarmerie ou dans le commentaire du journal de 20 heures. Mais cette description de l'abominable n'est pas gratuite ; l'horreur n'est ici ni magnifiée, ni destinée à choquer. C'est juste le constat d'une sorte de rituel macabre, initiatique (?). Ca s'est passé comme ça, et fallait-il le dire, ne fallait-il pas le dire ? C'est un grand débat. Rappelons que Honoré est breton, pays où le non-dit règne en maître. De plus, l'auteur attend le dernier tiers du roman pour décrire l'événement ; on sait dès les premières lignes que quelque chose d'innommable est arrivé. Mais ni les gendarmes, ni les parents, ni les responsables de la colo ne disent mot. Il faut attendre très tard le récit de Steven lui-même pour savoir.
Cette lecture m'a ému et beaucoup plu. Les personnages sont attachants et on aimerait leur tendre une main secourable ou les aider à trouver ce qu'ils cherchent désespérément, probablement seulement l'amour (comme Guillaume pour Stéphane dans "Un Panda..." de Ch. Austruy). Mais cette quête qui devrait être sereine, se révèle jalonnée de pièges fatals : jalousie morbide de Jérémy, exprimée par sa folie sadique, soumission (amour ?) aveugle et béate de Steven envers Jérémy "son amoureux au cheveux roux" dès leur première rencontre ("Il s'est avancé à quelques centimètres de mon visage. J'ai pensé qu'il allait me mettre un coup de boule. Il m'a embrassé sur la bouche. - J'étais sûr que t'étais pédé, il m'a dit."). Donc quête d'amour brutale, malgré l'amour et l'attachement fraternel de Baptiste. Baptiste, pour qui la recherche du "pourquoi" est peut-être surtout et d'abord une question identitaire (peut-être aussi "parler" devient chez lui une façon de lutter contre ce non-dit persistant et pernicieux qui l'entoure de toutes parts et le ronge de manière morbide). Et Aude reste là, perdue, qui voit son bonheur lui échapper, son besoin d'amour s'évanouir dans les questions, les idées fixes et les refus (notamment d'être père) de Baptiste. Et cette quête d'amour meurt dans le désarroi des parents qui ne cherchent pas à comprendre l'inexplicable et se réfugient dans le non-dit où d'ailleurs tout avait commencé !
Juste un bémol à ce roman : la 4ème de couverture nous dit "Sa clarté (celle du roman) aveuglante révèle ce que chacun de nous cherche à oublier". Ah ????!!!! Euh, désolé, non, je ne vois pas !!!! Mais vraiment rien que je ne cherche à oublier, même pas les petits rituels sadiques infligés à quelques insectes lors de ma préadolescence en colonies de vacances.... Jérémy est-il simplement allé plus loin que la plupart des préados ? Est ce là le message ?...

J'ai ensuite lu "la suite", c'est-à-dire "Scarborough" (Baptiste aide Steven à sortir de l'asile psy où il est reclus, et s'évade avec lui en Angleterre), mais je n'ai hélas pas pu finir. Ch. Honoré écrit toujours aussi bien, mais il se perd dans un délire onirique que je ne suis pas arrivé à suivre. Désolé, mais j'ai tout de même essayé.



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L'avis de nos lecteurs :

- Vanessa (20a), Calvados (F), avril 2004.

Juste pour dire que j'ais rencontré Christophe Honoré à l'occasion du festival d'Angers lors de la lecture de son scénario "17 fois Cécile Cassard". C'est un scénario que j'ai trouvé très original et j'étais impatiente de le voir à l'écran, mais je ne l'ai tjs pas vu. Christophe Honoré est quelqu'un de très simple à aborder et c'est pourquoi j'ai voulu lire ses oeuvres telles que "la douceur", que j'ai eu beaucoup de mal à cerner.

 

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