La quatrième révélation
Auteur Olivier DELORME Lecture Septembre 2005
Edition H & O Création Fiche septembre 2005
Parution 2005

 

Origine France
Traduction  
 

"...le Dieu de Paul qui s'est abattu sur l'humanité comme une malédiction, en substituant le binaire à la complexité, l'obéissance à la quête de la sagesse, la moraline* à la vertu, en fondant tous les totalitarismes par la soumission à l'Unique, en avançant masqué derrière l'impossible pardon et l'inepte amour du prochain."
O. Delorme, La quatrième révélation (p. 301)


"Julien Bergeret est un ancien juge de la section politico-financière du parquet de Paris. Harcelé et menacé par toute une mafia politique, il préfère couler des jours heureux dans une île de la mer Egée en compagnie de Nikolas Kalermis, bel éphèbe grec, amour de sa vie.
Pendant cet exil, Julien reprend ses études d'Histoire Byzantine et découvre de vieux parchemins datant des IV-Vè siècles. Il tente de déchiffrer le texte crypté en écriture phallique (comprenez en .... bites !). Et là, surprise, ces parchemins mettent en cause le fondateur du christianisme en témoignant du mensonge de la vie de Saül et des faux témoignages que constituent les Actes des Apôtres de Luc et l'évangile de Marc. Pour le
Primum Agmen Christi, organisation catho-réactionnaire, proche du nouveau pape Pie XIII, la publication de ces documents est inacceptable.
Parallèlement, Alain Perrault, proche du président Larsouille, et candidat à Matignon, et pourquoi pas à l'Elysée (le mandat de Larsouille touchant à sa fin), est en quête d'un DVD le mettant en cause dans des contrebandes d'armes. Perrault, allumé autrefois par le juge Bergeret et sa consoeur Clémence Volkovsky, pense que Julien n'est pas étranger à la disparition de ce DVD compromettant.
Commence alors un jeu de cache-cache et d'enquêtes, où manipulations, mensonges, intimidations, corruptions, et tous autres coups bas, sont monnaie courante. Julien, Nikos, et Clémence sont alors confrontés à des organisations prêtes à tout, surtout au pire, pour que leur vérité reste la seule, l'unique, et l'officielle."



Après l'intrigue légère et le suspense facile, mais plaisants, du "Plongeon", Delorme nous entraîne maintenant dans un polar bien construit, autour d'une intrigue profonde et d'un suspense haletant, le tout ficelé de main de maître. A propos de "La quatrième révélation", d'aucuns ont parlé d'un "Da Vinci Code" Gay, pour moi, on serait plus proche d'un juste milieu entre "Le nom de la rose" et "Le pendule de Foucault", avec une écriture plus facile que celle de Maître Eco, mais une aussi grande érudition !
Delorme a amélioré son style, fluidifiant sa narration sans préjudice à la beauté de la lettre ; le tout est très agréable à lire, que dis-je à dévorer ! La construction du roman est également bien gérée : découpage en quatre chapitres équilibrés, passant du narrateur calme et impavide (chapitre 1) au "je" passionné du juge Bergeret (chapitre 2), pour revenir au narrateur (chapitres 3 et 4). L'auteur intercale narration, citations, tantôt fantaisistes (il paraît quand chez H&O le "dictionnaire gay de la mythologie Grecque" ?), tantôt réalistes (mais non pas le "dictionnaire des aventuriers" de Patrick Denfer !), et traductions des différents feuillets du manuscrit de Trophonios. Tout ceci avec beaucoup d'humour : un président qui s'appelle Larsouille et qui a passé toute sa vie politique sans comprendre grand chose aux affaires de l'état, mais en cultivant son don d'éliminer ses concurrents, surtout s'ils appartiennent à la même famille politique, ça ne s'invente pas !
Et puis quelle trouvaille ! Faire cohabiter une histoire politico-policière avec une recherche historico-religieuse dont la gaytitude est le trait d'union. Chapeau ! Et puis, tout s'imbrique magnifiquement, la machinerie est bien huilée, et quand vous vous attendrez à la chute d'un chapitre, détrompez vous : ce sera pire que ce que vous imaginiez et le retournement de situation vous explosera à la face.
Chapeau aussi pour la défense des milliers de Matthew Sheppard tabassés par des millions d'abrutis footbalistiques roteurs de mauvaises bières simplement parce qu'un "pharisien borné, complexé et retors" sous l'emprise du "Lévitique, texte le plus cruel et le plus stupide de toute l'Histoire de l'Humanité" a propagé une réligion intolérante tournée vers la seule idée de péché.

Bref, une réussite, ce roman est la surprise de la rentrée. A lire absolument, que vous soyez gay ou non, pourvu que vous ayez l'esprit o
uvert et que vous soyez un tantinet iconoclaste ! Et puis, en cadeau vous aurez la recette de la kakavia !

* La moraline : Frédéric Nietzsche faisait la différence entre la morale, celle des Grecs, celle qui provient d'une éthique, d'une réflexion personnelle, d'exigences à son propre égard, et la moraline, forme dégradée de la première par le judéo-christianisme qui lui substitue une série de règles formelles et de système de culpabilité, remplaçant du même coup la responsabilité individuelle par l'observance de recettes. Bref, la moraline serait un peu ce qu'est Mireille Mathieu à la Callas, Larsouille au général de Gaulle ou une soupe de poisson Liebig à la kakavia (note de O.D., comm. perso.)


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