Second roman, très attendu, de l'excellent Patrice Salsa, dont
nous avons adoré "Un garçon
naturel".
Salsa confirme ici ses dons indéniables d'écrivain, confirmés
par son entrée aux Éditions Actes Sud, excusez du peu
! La forme est maîtrisée, parfaitement construite, dans
un Français qui atteint des sommets d'élégance,
sans être rébarbatif, ampoulé, ou suranné.
Beaucoup de prétendus auteurs devraient en prendre exemple pour
élever le niveau du Français de la rue plutôt que
de le singer en prétendant que c'est moderne. Le Français
moderne peut être beau, éloquent, simple, et élégant,
et Salsa en fait la démonstration*. La construction du roman,
comme le précédent, montre une maîtrise littéraire
qui confirme la maîtrise de la langue. Salsa brille aussi par
sa bonne connaissance littéraire et artistique, notamment musicale,
dont il émaille son récit, sans étaler sa culture,
comme on dit. Tout est amené naturellement, simplement, dans
le contexte. Le fil du récit est une petite horloge suisse, qui
applique au roman un rythme métronomique d'une précision
diabolique, surtout quand on connaît la chute, bref un mécanisme
parfaitement huilé, mais ...
Mais, tout cela est loin de faire oublier l'excellence du précédent
roman et j'avoue que, malgré tous ses atouts, je n'ai pas vraiment
"accroché" à la Signora Wilson. Difficile d'analyser
cette sensation. La signora Wilson fait parfois figure d'exercice de
style, parfaitement réussi, certes, mais exercice de style tout
de même, à l'instar de "L'arrière-saison"
de Philippe Besson. Peut être aussi attendais-je trop de ce deuxième
roman. Quoiqu'il en soit une relecture s'impose quand on connaît
la fin de l'histoire... Donc à suivre ....
*
On lui pardonnera une incursion dans les tics verbaux du moment avec
le "En même temps, ..." oublié page 73. Quand
j'entends cela, j'ai toujours envie de demander "mais en même
temps que quoi ?"...